Pourquoi avoir accepté d’intervenir lors de ces Assises ?
Toine Bourrat. Aujourd’hui, chacun de nos actes revêt une dimension numérique et le cyberespace est devenu une extension du domaine de la vie en société. Nous vivons à ce titre depuis deux décennies un bouleversement civilisationnel, un choc culturel et scientifique. Pour conserver sa souveraineté, l’homme doit recouvrer la maîtrise de son destin, y compris sur la toile. Or nous partageons tous, acteurs publics, une vocation : celle d’agir pour la collectivité, de protéger les entités et les êtres les plus vulnérables, en prônant une vision préventive et non plus seulement curative des questions de cybersécurité. Un événement tel que les Assises Cybersécurité va dans ce sens, tout en consacrant l’engagement du Département des Yvelines et de son président, Pierre Bédier, en faveur d’un accompagnement des acteurs publics exposés, comme nous le sommes tous, aux défis d’internet.
Comment se traduit votre engagement sur ce sujet de la cybersécurité ?
T.B. Je l’aborde avec trois casquettes : comme ancien maire de village d’abord ; comme législatrice, ensuite, en ma qualité de sénatrice et commissaire spéciale sur la sécurité numérique ; enfin en tant que première vice-présidente de la Commission Supérieure du Numérique et des Postes (CSNP). Car dans un Etat de droit, il faut un cadre juridique efficace, opposable, et proportionné : c’est pour cela que nous, parlementaires, travaillons à mieux protéger les composantes de la société contre la cybermenace au sens large. Notre action se veut complémentaire d’un sursaut local que j’appelle de mes vœux. Car il convient de renforcer notre cadre normatif, sans occulter l’aspect financier qui pèse sur les collectivités, la cybersécurité ayant un coût.
Quel rôle les acteurs publics doivent-il jouer, selon vous ?
T. B. Ce dont nous avons véritablement besoin, c’est d’une forme de révolution des pratiques et des mentalités que d’autres Etats ont déjà opérée chez eux, de l’Estonie à Israël. À nous acteurs publics de prendre clairement nos responsabilités, sans considérer la cybersécurité comme l’affaire des autres, et notamment des seules institutions sécuritaires. Développons les bonnes pratiques et restons agiles pour faire face aux pirates informatiques : face à leur imagination sans limite, affichons une détermination sans faille. Force doit rester à la loi, y compris dans le cyberespace. Renforçons la coopération entre public et privé, formons plus vigoureusement les fonctionnaires et gestionnaires de services informatiques des administrations et des collectivités. Ainsi nous serons à même de créer, tous ensemble, une culture de la défense numérique.